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Requiem pour une minute de vie

Je suis plutôt tournée vers l’avenir et j’essaie de vivre le présent le plus intensément possible. Mais dans un déménagement, c’est le passé qui ressurgit.

Au fond d’un tiroir, oubliés sous un meuble, bien rangés dans un carton, certains objets surgissent et ravivent des larmes ou des rires par les souvenirs dont ils sont porteurs. Certains finissent leur vie maintenant, je les jette. D’autres continueront ailleurs, si quelqu’un en veut. En bon état, je ne m’en sers plus. Et d’autres, je les emporte avec moi.

Et je trie, trie et trie. Ça me prend tout mon temps libre. Les idées d’écriture fusent mais je ne m’arrête pas pour les déposer. Avec les objets, c’est aussi dans ma vie que je mets de l’ordre. Et cette introspection, je la souhaite solitaire.

Je fais mes rangements en musique, ça me permet de réécouter des disques compacts dont je ne me souvenais plus du contenu. Certains, je ne les aime plus et d’autres, j’aurais du plaisir à les entendre à nouveau, les voilà dans un carton.

Parmi eux, un requiem. Pourquoi sont-ils toujours écrits pour des années de vie ? Bon, d’accord, pas beaucoup d’années parfois. Mais pourquoi ne pas en écrire pour les minutes qui passent ? Oh, certaines minutes, je suis heureuse de leur mort : un mouvement gai et rapide pour leur dire : « salut bonne et ne revient surtout pas ! » Et même si je ne cultive pas la nostalgie, d’autres mériteraient un passage ample et profond pour rappeler à quel point elles ont compté.

Voilà. De toutes celles-là, j’en raconterai quelques bribes, peut-être. Mais là, il y a des tas qui m’attendent.

Biscuits sucrés

Hier, c’était mon anniversaire. Et même si je dis souvent que ce n’est pas important, en vrai, c’est un jour qui compte pour moi. Hier matin, je me suis donc levée de bonne humeur, mais ça, ça arrive aussi d’autres jours. Par contre, les autres jours, je n’ai pas cette sensation étrange que quelqu’un est entré chez moi pendant la nuit…

Et cette impression, elle m’est venue à cause de la cuisine toute propre en ordre. Je ne pensais pas l’avoir laissée comme ça. En fait, j’étais même sûre qu’avant d’aller dormir, le lavabo débordait – oh juste un peu ! – de vaisselle. Et pour le reste, je préfère ne pas le dire, sinon vous allez penser que je suis, parfois, un peu crado et bordélique et il se pourrait que vous ayez raison.

Du coup, je suis sortie de la cuisine en réfléchissant bien à la date de ma dernière crise maniaco-nettoyeuse. Elle ne pouvait pas être récente, sûre, vu le peu de temps passé à la maison ces jours. Comme je ne suis pas somnambule, la probabilité que je sois l’auteur de l’ordre me paraissait bien faible. Je me suis alors frotté les yeux pour être sûre qu’ils soient vraiment nets, eux, et suis retournée. C’était toujours tout bien, tout joli.

C’est là que j’ai remarqué le paquet orange sur la table. C’était donc bien ça, les petits lutins étaient passés par là. D’habitude, chez moi, la nuit, ils font plutôt des crasses. Genre faire disparaître mes clés, changer l’heure du réveil ou encore me piquer ce qui restait de pain. Je ne sais pas chez vous ?

En tout cas, je suis sûre maintenant qu’ils existent à cause du paquet orange, bien réel. Et je ne vous ferais pas poireauter des heures avant de vous dire ce qu’il contenait, en vous expliquant en long et en large la texture de l’emballage, comment je l’ai ouvert avec délicatesse et tout le toutim. Non ! Je le dis directement : dedans, il y avait du thé et des biscuits.

C’est tout ? Oui, mais pas n’importe quel thé, ni n’importe quels biscuits. Le thé, il sent les vacances au soleil et il a un bon goût de farniente. Les biscuits, c’était des sablés, encore tièdes, qui fondaient doucement dans la bouche. Et leur goût surprenant – menthe, thé, thym, rose ou lavande – faisaient rêver à des voyages.

Avis donc aux petits lutins : « Merci pour la jolie surprise d’hier matin et ne vous gênez surtout pas, les prochaines nuits, si vous souhaitez trier les papiers du bureau, faire le repassage, laver les vitres ou enlever la poussière sous le lit !»

Larmes de la technologie

Il y a quelques heures encore, c’était mon anniversaire. Je regarde une dernière fois mon téléphone portable avant d’aller me coucher et toujours rien. Désespérément vide. Pas le plus petit message, pas le moindre appel que j’aurais éventuellement manqué en me promenant dans la maison. Pourtant, je n’ai rien fait de spécial, j’étais atteignable tout le jour.

C’est vrai que je suis une grande fille, qui n’a plus besoin d’être la reine du jour pour cette occasion. C’est peut-être aussi de ma faute : j’avais dit que je souhaitais une journée tranquille. J’ai souvent dit aussi que je n’attache pas une grande importance à cet événement. Mais ça, on dirait bien que ce n’est pas très vrai. Parce que ça me rend triste de voir que personne n’a pris le temps de m’écrire même juste un tout petit : « bonne journée ! »

Ce jour-là, d’habitude, j’aime bien voir à mon réveil qui est le lauréat du premier SMS reçu et surtout l’heure de son envoi. Il y a les petits malins qui ont programmé des messages automatisés qui partent à minuit et une minute. Il y a les lève-tôt à l’agenda fonctionnel. Et il y a les couche-tard organisés. Je sais dans quelle catégorie le gagnant de l’année se situe parce que je crois connaître un peu ma famille et mes amis. Enfin, ceux que je pensais être mes amis.

Ce matin, ça ne m’a pas trop étonnée parce que je me suis levée tôt, vraiment très tôt. A midi, je me suis dite qu’ils avaient tous eu une matinée de travail bien remplie. Mais, maintenant, à minuit passé… je n’ai plus d’idées d’excuses. Ils ne peuvent quand même pas tous, le même jour, s’être fait volé leur téléphone ou l’avoir fait tomber dans les toilettes, être malade avec une fièvre délirante, avoir passé la journée dans un fond de tunnel sans réseau, avoir leur batterie à plat et, en plus, avoir envoyé le message à un mauvais destinataire.

Bon, tant pis. Si moi, je ne reçois pas de message, hé bien, je vais en envoyer… et des corsés ! Je commence par mon grand oncle, parce que c’est un couche-tard susceptible et que c’est sûr qu’il va me répondre. Quelques chose d’assez soft : « Non-merci pour ton non-message d’anniversaire ! »

C’est quoi ça : « Opération non valide, vérifier les services de l’opérateur » ? Ah, la voilà, l’explication ! Et maintenant, j’ai une bonne raison d’être triste, absolument triste, désespérément triste. Parce que je crois quand même connaître un peu mes amis et que leurs messages ne sont jamais banals. Et parce que je n’ai pas vérifié l’état de mon crédit de conversation, plein de magnifiques mots se sont perdus dans le néant.

It could have been one of those quiet evenings I like to spend in winter. My family and I were on holiday in a nice chalet ten minutes away from a little village in the mountains. At the time, I was alone and happy to be. This happened because there was a celebration my family wanted to take part in at the village.

I had just finished reading the book I had taken from home, but had noticed that there were many in the chalet. It had begun to snow quite heavily so I couldn’t even see the lights of the village and I could hear how calm it was outside. I had a cup of tea and some cookies so everything seemed to be fine.

When I stared to look for a good book, I realised that there were many thrillers, which I don’t like to read, especially in the evening, because I am very easily scared. It took me a long time to find a text called “The refuge”. It was not exactly a book, maybe the owner of the chalet had written it.

The beginning was very pleasant. It was about a young couple who had decided to go for a walk in the mountains on a beautiful autumn’s day: romantic as I wanted to read in such a moment. I lay down on a comfortable sofa to read more about the story.

The young people were walking, I was learning more about their lives and we were all surprised when they saw the sun setting and weren’t where they had expected to be at the end of the day. By having a look at the map, they realised they were much higher than they had thought but noticed that there was a little hut not so far away and they just had to go there, quickly, before dark. They found it, could open it and they even found some wood and matches to make a little fire. The only little problem was that the girl had an ankle ache as she hadn’t seen a big stone on her way. They spent a cold night there and I decided to go on reading in my bed, ready for a nice continuation.

Unfortunately, their next morning was a foggy one. They had enough to eat and the girl could have some rest, so the boy decided to go round the hut to see if he could find some more wood. He stood there a very long time and the girl finally decided to call him back. As she opened the door, she saw him petrified and almost blue. He was very cold when she pulled him inside and was repeating softly that he had seen the devil. She tried to warm him with blankets and was getting a little frightened.

I found it was enough for me and I closed the booklet but then the only thing I could have in my head was the eyes of the girl asking for help. It was quite late and I was hoping my family would arrive. Outside, it was still snowing and silent. I noticed that every little noise in the chalet had begun to startle me. I had to go on reading, it certainly would get better and my family would surely arrive soon.

It was night again. She had done her best to warm and reassured him and was exhausted. He was still watching her with empty eyes, talking about the devil and sometimes crying with a very high-pitched voice. She was now really scared, watching the door and the two windows and jumping every time that she heard a noise. She could not sleep, felt colder and colder and here dark night was getting worse and worse. And so did mine.

If I tried to stop reading, then the nightmare was in my head. The eyes of the girl were more and more terrifying. The chalet was noisier and noisier and my family still had not arrived.

The girl heard a knocking on the door. Once, twice. Impossible to be mistaken, someone was near her now. She was not sure what to do, but I was very hopeful then the last pages were arriving.

The three next pages were white. Just white. Only on the very last page, one sentence: “What end were you expecting, don’t you know every life ends with death?” I don’t know how long I stood alone with that question, my heart beating crazily but unable to move otherwise, staring at the ceiling and strongly, very strongly waiting for my family to, at least, arrive.

Cadeau d’une fée

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire, un jour que j’aime. Je me réveille d’un seul coup parce que je me souviens que depuis hier soir, je suis l’heureuse propriétaire d’un tout nouveau domaine. Du travail en perspective : il n’y a rien dessus. Mais il est à mon nom et il est à moi. Je vais pouvoir y mettre ce que je veux, de la plus petite construction à la plus mégalomaniaque, en toute fantaisie. Il va donc falloir que je me creuse la tête…

Tout ça, parce qu’hier j’ai rendu visite à une fée, reine dans le monde des blogs, qui m’a dit que c’était rare de pouvoir avoir un site Internet à son nom, puisqu’il y en a tellement maintenant. J’étais sceptique mais je l’ai crue, parce qu’une fée, elle sait des choses que nous, on ne sait pas.

Je me rappelle que j’ai un nouveau blog aussi. Il n’y a rien dessus non plus, mais il est à moi, tout pareil. C’est encore un coup de la fée. Elle m’a dit que c’était un jeu d’enfant, créatif et drôle. Là encore, je l’ai crue, parce qu’elle avait l’air tellement sérieuse, et j’ai bien l’impression que ça va beaucoup m’amuser.

Hier, elle m’a montré : « Clic, clic, clic, regarde ! »
Whaaa ! Comment elle a fait ça ? Bon, pour elle c’est facile, j’ai déjà dit que c’était une fée ! Elle a un rire comme une cascade. Je peux le dire parce qu’elle rigole quand elle voit mes yeux tout rond devant son univers incongru.

Dans sa maison, il y a plein de fenêtres et elle navigue beaucoup : clic, clic, clic. Et sa maison, elle est au milieu d’une immense forêt enchantée. Il y a de tout dans cette forêt, et même du n’importe quoi. Alors elle me présente aussi des coins tout moches parce que c’est une fée moderne qui ne croit plus que tout le monde il est toujours que gentil, joli.

Dans les dédales, je la vois courir, si agile. Elle m’emmène à plein d’endroits en me donnant la main : clic, clic, clic. « Sois bien attentive, comme ça tu pourras retrouver la route toute seule ! » Je sais déjà que je vais me perdre des tas de fois. Mais à force de semer des petits cailloux blancs, je tracerai mon chemin, c’est sûr.

La fée, elle a des cheveux blonds et roses, comme dans les contes, et des yeux bleus pétillants. Je l’aime bien parce qu’elle rit beaucoup, de son joli rire ruisselant. Elle a un chat tout doux qui ressemble à une panthère. Il n’aime pas les robots aspirateurs et je crois qu’il ne chasse que les vraies souris, mais il préfère surement les croquettes.

Cette fée me conduit souvent dans des aventures rocambolesques. Pour ce soir, une dernière petite tasse de thé blanc et nos yeux commencent à piquer. Après, je ne sais pas. Mais ce matin, je me réveille avec, pour de vrai, j’ai vérifié, un domaine virtuel rien qu’à moi et un blog qui m’appartient. Drôle de cadeau, madame la fée, mais surtout : MERCI !